Hansestadt Hamburg, am Rathaus. Unter den Fahnen. / Ville de la Hanse de Hambourg, près de la mairie. Sous les drapeaux.
Moin moin!
Voilà dix jours que j'ai quitté Karlsruhe pour m'installer temporairement dans la Hanse. Malgré un temps plutôt capricieux et malgré le fait que je passe les trois quarts de mon temps à l'hôtel, j'ai eu tout de même l'occasion de revoir différents endroits de la ville que ma visite expresse de juin 2013 m'avait permise de découvrir : Le quartier très alternatif (j'adore l'alternatif) de Sankt Pauli, le Landungsbrücke avec ses ponts de déchargement de marchandises portuaires et ses nombreuses boutiques et échoppes touristiques, le Reeperbahn évidemment, où certaines rues peu fréquentables sont interdites aux femmes, avec son commissariat de police le plus vieux et le plus important de la ville, le Dom et ses attractions de foire, actuellement ouvert pour la période estivale. Je suis repassée par la place de la mairie et, un autre jour, suis retournée me promener le long de l'immense Außenalster, le lac extérieur "Alster" de Hambourg. J'ai flâné du côté des beaux quartiers dans l'est de la ville, démarrant de Eimsbüttel, passant par Hoheluft puis Harvestehude, laissant mes pas me guider le long du canal d'Isebek. Ma passion pour les parcs et jardins a été comblée lorsque j'ai pénétré le "Planten un Blomen" (plantes et fleurs), un parc au cœur même de la ville, le plus grand et sans doute aussi le plus beau.
Malheureusement, les journées ne sont pas aussi resplendissantes que je l'aurai souhaité, et même quand il fait beau, il m'arrive souvent de rester sur place à l'hôtel, par flemme de prendre les transports en commun ou parce qu'il y a ici beaucoup à faire. L'hôtel a deux étages, une quarantaine de chambres, les gens partent, d'autres arrivent, et tout doit être toujours nickel. Je n'ai jamais autant fait de lessives de ma vie, jamais autant plié de draps tout droit sortis du sèche-linge, prêts à être réutilisés. Je fais la vaisselle, essuie, nettoie, aspire, frotte, bref, me rends utile autant que possible. J'essaie de répondre aux attentes des clients, ce qui n'est pas toujours facile. Les soirs sont plus reposants : je peux rester au bureau, attends que les retardataires arrivent pour les enregistrer, ai pu ainsi finir le rapport de mon stage à la Stiftung CCFA Karlsruhe et l'amélioration de mon mémoire de Master. J'accueille, j'encaisse, fais parfois visiter les chambres,
donne les clés. Parfois les réceptionne le matin au moment du check-out, quand les gens partent.
, puisque certains sont des étrangers de passage dans la ville hanséatique (j'ai eu affaire à un Américain, des Turcs, des Finlandais jusqu'à maintenant), et d'autres des travailleurs immigrés. Je n'ai jamais autant fréquenté de Polonais qu'ici à Hambourg (à l'exception de quand j'étais en Pologne bien entendu), ce que je trouve absolument génial. Pendant mes trois années de lycée puis ensuite à l'université à Aix-en-Provence, j'ai appris le polonais mais n'ai eu que très peu d'occasions de le parler en-dehors du cadre scolaire/universitaire. En fait, je ne le parlais qu'en Pologne, avec les locaux. Mais ici, j'ai l'occasion de me remettre dans le bain en écoutant les Polonais parler entre eux, et parfois lorsqu'il me faut discuter avec eux, et qu'ils ne comprennent pas très bien l'allemand. Hier en fin d'après-midi par exemple, j'ai dû faire comprendre à un jeune Polonais qui occupait seul une chambre de six lits qu'un groupe venait d'arriver, que nous nous excusions mais que nous devions le transférer dans une autre chambre. Depuis mon arrivée, les mots polonais me reviennent petit à petit, mais comme je manque grandement de pratique, ce n'est pas du tout évident. D'ailleurs, plusieurs Polonais à qui j'ai eu affaire m'ont demandé - sérieusement - si je venais d'Ukraine ! Pourquoi me proposent-ils tout de suite l'Ukraine, je n'en sais rien moi-même. Ils sont surpris quand je réponds que je suis Française, me demandent d'où je connais le polonais, s'étonnent qu'à la différence des Allemands qu'ils fréquentent, j'arrive à prononcer "à la polonaise" (ces suites de deux ou trois consonnes qui écorchent le palais ;)). Pour la première fois de ma vie, j'ai enfin l'impression que mon apprentissage de la langue polonaise me sert à quelque chose. Et plus que jamais, cela me donne envie de continuer à l'apprendre, de repartir en Pologne reprendre des cours d'été comme à Cracovie il y a déjà deux ans maintenant. Je suis face à mes lacunes et me sens frustrée. Pas frustrée comme je peux l'être en parlant allemand. Dans cette langue, bien que ne me considérant toujours pas bilingue, je peux toujours réussir en formulant autrement mes phrases à me faire comprendre. Mais frustrée que les mots ne me viennent pas aussi facilement, et que mon niveau soit toujours aussi médiocre, après tant d'années d'apprentissage. Une seule solution : l'immersion. Je retournerai en Pologne, c'est sûr. Je ne baisserai pas les bras. Il y a de l'avenir à connaître cette langue slave.
Il ne me reste plus beaucoup de jours à passer à Hambourg, et j'espère avoir l'occasion d'en profiter encore, peut-être demain, après-demain. Sortir un peu, malgré le temps gris. Et même si la pensée que cette expérience ne m'aura rien apportée sur le plan financier
un brin, en regard des efforts que j'aurai consacré à l'hostel durant mes deux semaines de séjour, je suis satisfaite d'avoir fait le déplacement et d'avoir eu cette opportunité professionnelle et humaine, dans cette si grande et fascinante ville qu'est Hambourg.Carpe diem, seize the days, cueille le jour.
[Nouvel hommage à Robin Williams mort ce jour, pour lequel j'ai tout spécialement revu le merveilleux film Le cercle des poètes disparus/Dead Poets Society cet après-midi.]
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