On est lundi soir, et j'ai commencé les cours mardi dernier, une semaine s'est à présent écoulée. Je n'ai toutefois pas encore eu tous mes cours mais je peux me faire une idée de ce qui va
m'attendre durant les treize semaines à venir de ce semestre d'hiver.
Comme je l'ai dit précédemment, j'ai beaucoup de :
.LITERATUR.
- une "introduction aux champs d'étude de la nouvelle science de la littérature" (j'ai eu ce cours aujourd'hui, et pour le moment, cela consiste à parler du concept de lecture,
car, surprise, nous ne lisons pas tous de la même façon ! L'habitus, mes chers, l'habitus et notre environnement ! Et par ailleurs, les nouvelles tendances nous amènent à lire plus et surtout plus rapidement... Tiens, cela me rappelle les cours de lecture rapide du DUT !) ;
- un séminaire sur les périodes littéraires de la première moitié du 20ème siècle, en regard de quelques nouvelles et d'un roman de l'époque (nous avons dessiné la frise chronologique des périodes qui ont co-existé en ces temps-là. Commentaire de l'apprenante que je suis : c'est à s'y perdre...) ;
- un cours sur les débuts de l'Aufklärung (période des Lumières allemandes, qui ont d'ailleurs commencé avant les nôtres) dispensé par celui-là même qui nous parle de la
lecture de nos jours (cours 1 ci-dessus). Vous connaissez Bertolt Brecht ? Ne me dites pas non, j'en avais parlé l'année dernière sur ce blog. Ce prof, je le surnomme Brecht, je trouve qu'il lui
ressemble, et puis il a l'air très gentil, son défaut, c'est seulement qu'il parle vite. Mes notes sont un désastre...
- un autre visant à nous apprendre ce qu'est la littérature, ce qu'une un genre littéraire, comment on analyse un texte littéraire (je vous le
donne dans le mille, c'est un cours pour étudiants Erasmus !)
- un cours vraiment très intéressant appelé Literatur und Zeitung, autrement, la presse et la littérature. J'ai ce cours le jeudi après-midi, la prof est hyper enjouée, parle un
peu vite elle aussi, et mélange allégrement l'allemand et l'anglais, cela me pertube, mais elle m'est très sympathique. En effet, durant son premier cours (c'était peut-être une façon de nous
plaire, mais ça a marché chez moi), elle nous a parlé de la relation littérature-presse (comment s'inspirent-ils, se concurrencent-ils l'un
l'autre ? Comment s'adaptent-ils à notre époque ?) en nous montrant des extraits d'épisodes d'une série américaine, The Wirre. Ce n'était pas facile à tout comprendre, mais le thème est
très intéressant, c'est d'ailleurs pourquoi j'ai choisi ce cours !
- Il y a un autre cours d'introduction à la littérature (lui aussi pour Erasmus) qui a lieu le vendredi, mais, comme c'est dommage, notre professeur a oublié de rentrer de
Slovaquie pour nous l'expliquer et faire notre aimable connaissance.
Six cours différents, deux modules complets, douze heures par semaine jusqu'à la mi-février 2013 ! Je suis bien partie pour manger des livres, rêver d'auteurs, de genres, de périodes, de
citations longues comme un bras, ou cauchemarder de prises de notes erratiques dont le sens, à la relecture, s'avéreront obscures !
Ce n'est pas tout puisque j'ai aussi un module de :
.LINGUISTIK.
Alors, pour le moment, ce module-là, il ne pose vraiment pas trop de problème. Il est en fait composé de trois cours différents : un séminaire, un
TD d'exercices, un tutorium. Je ne peux pas assister à ce dernier, mais il semblerait qu'il soit étonnant. J'entends par là, "Mais pourquoi il nous raconte ça ? C'est quoi le rapport ?" Ce n'est
pas mon avis, bien sûr, je n'y étais pas... Mon problème actuel s'énonce plutôt ainsi : serait-il possible de valider ce cours, d'obtenir les crédits correspondants, tout en ne
pouvant y assister, mais en m'aidant du Moodle pour rattraper les leçons et rendre les différents devoirs ?
Pour le reste, c'est pour le moment de la redite, expliqué différemment, et en allemand, mais grosso modo, comme en L2, nous voyons ce qu'est un mot, quels genres de mots existe-t-il, à
quoi servent-ils ? Puis nous analyserons, décortiquerons et dessinerons en "arbres de Chomsky" des phrases de façon plus ou moins répétitive. Et puis il y a tout ce qui tourne autour de
la langue, tout ce qu'englobe le concept de linguistique : les sciences de la phonologie, de la phonétique (Oh joie des cours de FLE !), de la sémantique, pragmatique, und so
weiter und so fort... (etc, quoi.)
Mais à côté de tout cela, ce qui me plaît le plus, c'est l'apprentissage d'une nouvelle langue à mon répertoire langagier :
.PORTUGIESISCH.
Dans le cadre d'une UE de FLE, je dois apprendre une langue nouvelle, et j'ai choisi le portugais. Quand bien même il n'y aurait pas eu l'UE à valider, j'étais
de toute manière profondément motivée à apprendre cette langue, et c'était une occasion bien trop belle pour ne pas en profiter. J'ai quatre heures de portugais par semaine, et c'est en outre à
cause de cela que je ne peux assister au tutorium de linguistik. (Quel malheur...) Nous sommes nombreux dans ma classe, plus nombreux que dans aucun autre cours de langue que j'ai eu depuis que
j'ai été scolarisée (si on exlue l'anglais, et encore, en LV2 en France, les effectifs sont plutôt réduits.) Je suis bien évidemment la seule Française dans ce cours, mais débuter une langue
n'est jamais très compliqué. Lorsqu'on a des cours de littérature et de linguistique allemandes, suivre un cours de langue en allemand, c'est une partie de plaisir. A Munich,
j'avais fait pareil pour apprendre l'espagnol (il n'est reste malheureusement pas grand-chose...)
J'ai eu deux séances pour le moment, et nous avons appris à dire qui nous sommes, comment nous nous appelons, d'où nous venons, la conjugaison des verbes être, avoir, aller,
s'appeler, les formules de salutation, d'adieu, dire merci, les chiffres de 0 à 20 et quelques mots et adverbes par -ci, par-là. Nous apprenons à prononcer à la façon portugaise et
brésilienne, car les deux différent, et c'est peut-être pour le moment le plus difficile à acquérir. En particulier, les apprenants qui ont des connaissances de l'espagnol sont
embrouillés, car bien que les deux langues se ressemblent énormément, elles sont tout de même différentes. La tendance serait de calquer l'une sur l'autre alors que ce n'est pas possible. Notre
professeur est très sympathique et dynamique, il sait nous intéresser, et la classe très motivée.
ET POURTANT...
Pourtant, quand je suis rentrée des cours tout à l'heure, j'étais passablement chagrinée. Je me rends compte que je m'enthousiasme énormément lorsqu'il s'agit d'apprendre des
langues nouvelles, ou d'améliorer celles que l'on connaît déjà (nouvelles expressions, joie de pouvoir lire en version originale, de voyager et pratiquer la langue avec des autochtones...), alors
que je suis bien moins motivée lorsqu'il s'agit de creuser le sujet, d'analyser, d'aborder des concepts théoriques, d'étudier des mouvements, des périodes, de décortiquer, de s'interroger... ce
qui constitue une partie de la Germanistik, ou tout autre étude de langue. En somme, l'apprentissage versus l'étude.
Je suis actuellement en train de répéter une expérience vécue l'année dernière à Aix-en-Provence, qui était d'apprendre une langue étrangère, le polonais, en parallèle des cours de deuxième année
d'allemand. Cette fois, il s'agit du portugais, mais l'expérience reste la même. J'ai toujours autant de plaisir à apprendre une langue pour moi-même, et bien que j'ai également choisi d'étudier
l'allemand, je me sens davantage plus ou moins forcée de travailler ces matières du fait du diplôme à obtenir à la fin. J'ai l'impression qu'il s'agit ici d'un double problème :
d'une part, n'est-ce pas un problème de maturité que de préfèrer débuter l'apprentissage d'une chose à l'étude de cette même chose ? Suis-je assez
mature pour me sentir capable de me poser "en experte" d'un sujet ? D'autre part, n'est-ce pas un problème de motivation ? En effet, alors qu'en
apprenant une langue, on se rend compte de l'étendue des connaissances qui augmente, des progrès personnels, de leur utilité future (voyager, par exemple, ce qui constitue un
loisirs), à l'inverse, lorsqu'on étudie un objet avec pour motivation l'obtention d'un diplôme, cela semble tout de suite moins attrayant, mais dans notre société actuelle,
nécessaire. Le diplôme valide des connaissances de haut niveau et est censé être une preuve suffisante pour le monde du travail que nous valons quelque chose. Toutefois, ces mêmes connaissances
sont plus difficilement applicables que la maîtrise de langues étrangères, je pense. Nous les possèdons, mais vont-elles vraiment servir dans notre future profession ? (Si la future profession en
question n'est pas celle de professeur, puisque dans ce cas, nous restons à jamais dans le domaine de l'étude, cumulé au domaine de l'enseignement. Pas vraiment ce que je vise. Mais ai-je
vraiment des visées professionnelles précises ? Et nous revenons à ce problème prégnant de maturité...)
Je n'ai pas de réponse à ces questions, je m'interroge seulement. Je sais où sont mes priorités, et je sais par expérience que je peux allier l'utile à l'agréable. Je validerai
ma L3 comme j'ai validé ma L2, et j'en ressortirai, je l'espère, avec des bases de langue portugaise, comme je possède désormais quelques rudiments du polonais.
(Ou comment passer deux heures à réfléchir et écrire au lieu de lire des textes littéraires ou théoriques pour les cours du lendemain. Joie !)